mercredi 17 octobre 2012

Et enfin revint le goût du bon pain


Depuis que je parcours les blogs culinaires à la recherche de petits plats pouvant égayer le quotidien, j'ai découvert que l'une des premières choses qui rassemble les expatriés français, quelque soit leur lieu de vie, est le manque du bon pain de chez nous. Combien de cris de désespoirs ne lit-on pas au hasard d'une page de commentaires au sujet d'une recette de "baguette parisienne" ou d'un "pain de campagne", ce que tout un chacun (en France !) peut trouver aisément dans la boulangerie au coin de la rue. Pour tous ceux qui en ont été privés suffisamment longtemps pour qu'une simple vidéo vous arrache des larmes et vous oblige à vous relever à 3 du matin pour vous lancer dans un frénétique pétrissage, le croquant d'une baguette qui sort du four n'a pas de prix.

Depuis un an que j'étais en Argentine, j'avais tristement perdu ces précieuses sensations auxquelles on n'accorde vraiment toute leur valeur que lorsqu'elles nous échappent. Ici, et je n'ai pas mauvaise conscience à le dire, le pain est sans saveur. Sentez-le et il n'a pas d'odeur. Il ne chante ni aux pupilles, ni aux papilles. A la différence de chez nous où l'on achète le pain à l'unité, le pain ici se vend au poids, dans de grands sacs plastiques ce qui me semble un profond manque de respect envers un mets si précieux. Question de culture sans doute, le pain a, en effet, une place privilégiée dans l'imaginaire français et représente une part très importante de notre alimentation (au XVIIIe siècle, la consommation de pain en France était environ de 1,5 à 2 kilos par jour et par personne...).

De guerre lasse contre des croûtes molles et des mies dures (moi non plus je ne comprends pas comment c'est possible !), j'ai décidé de me lancer dans une réalisation maison pour conjurer cette malédiction et arrêter (un peu) de me plaindre sans avancer de proposition constructive. N'ayant pas de machine à pain et ne possédant qu'un vieux four à gaz (autrement dit un cauchemar pour la cuisine), j'ai quand même mis un peu de temps avant de me lancer, jusqu'à tomber sur l'émission des chefs Bruno Gillot et Olivier Hanocq, "Bon appétit", diffusée sur la chaine culinaire El Gourmet. Chaque semaine, ces deux "franchutes" présentaient des spécialités typiques de notre pays, modernisées à l'envie et toujours de façon judicieuse, avec en ouverture une recette originale de pain à réaliser sans aucun appareil, juste à l'aide de nos deux bonnes vieilles mains. Exactement ce que je recherchais ! 

 Entre toutes les recettes proposées, j'ai craqué pour le Pain au germe de blé, une valeur sûre et somme toute assez simple à réaliser.


Pain au germe de blé

Ingrédients pour 2 pains 

500 g de farine T55
100 g de germe de blé
100 g de pâte fermentée
10 g de levure (fraiche ou en poudre)
12 g de sel
1 cuillère à soupe d'extrait de malt liquide*
300 mL d'eau


La veille, préparer la pâte fermentée en mélangeant 185 g de farine T55 , avec une 1/2 cuillère à café de levure, 1/2 cuillère à café de sel et 115 mL d'eau. Réserver dans un saladier fariné et laisser lever au frigo.

Le lendemain, mettre dans un grand bol ou un saladier la farine, le germe de blé préalablement toasté quelques minutes au four (pour qu'il soit doré et qu'il exhale tous ses arômes), la levure, la pâte fermentée qui aura bien levé, le sel et l'extrait de malt*.
Commencer à incorporer l'eau et à lier tous les ingrédients.
Pétrir pendant 15 à 20 min, la pâte ne doit plus être collante.
La réserver dans un saladier fariné et la laisser lever pendant une heure à couvert sous un torchon humide afin d'éviter que la surface ne sèche. Elle doit doubler de volume.

* : Ici, en Argentine, l'extrait de malt, qui aide à la fermentation, se trouve assez facilement en magasin diététique, mais je crois que c'est beaucoup moins courant en France. Si vous n'arrivez pas à en dénicher, ne vous désespérez pas, la recette peut très bien s'effectuer sans.




Pâte avant la première levée
Pâte après la première levée

Passé ce délai, la diviser en 2 parties égales, replier chaque portion plusieurs fois sur elle-même et former 2 petites baguettes, bombées au milieu, sur une plaque qui va au four et recouverte de papier sulfurisé.
Tamiser un peu de farine sur chaque pain et tracer une ligne dans la longueur avec un cutter ou un couteau éfilé, puis dans la largeur faire des petits traits au long de cette ligne comme si c'était une feuille d'arbre.
Laisser lever pendant encore une heure pour que les pains doublent de volume.

Pains avant la deuxième levée
Pains après la deuxième levée

Enfourner pendant 25 min dans un four à 180°.

Et voilà, encore tout chauds et bien dorés !


J'ai vraiment souhaité commencer ce blog avec cette recette qui nous a permis de retrouver le goût du pain et un peu de la maison qui nous manque tant... J'avais presque oublié ce que c'était que de croquer dans une tranche de pain frais et d'en être comblée. Depuis, on n'achète plus de pain et, les quelques fois où j'ai eu à goûter à nouveau à un pain "argentin", je me suis dit que j'avais vraiment eu raison de me mettre à la boulange car, même s'ils donnent à certaines de leurs créations des noms comme "baguette" ou "pan francés", ça n'a, croyez-moi, rien à voir.

En bonus, je vous mets un bout de l'émission "Bon appétit" pour vous aider au niveau de la réalisation du pain et vous vous délecterez de l'accent typiquement français de nos deux chefs. C'est sûr, ils viennent bien de chez nous !



Alors comme diraient Olivier et Bruno, "Chau et bon appétit" !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire